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Le règlement européen sur la déforestation importée (EUDR) entrera en application le 30 décembre 2025. Il impose aux entreprises mettant sur le marché européen certains produits issus de matières premières à risque (bois, soja, huile de palme, cacao, café, caoutchouc, bétail) de prouver qu’ils ne proviennent pas de zones déforestées ou de forêts dégradées après le 31 décembre 2020.

À cinq mois de l’échéance, où en est la mise en conformité des entreprises ? Quels freins rencontrent-elles et comment se préparent-elles à répondre aux nouvelles exigences ?

Cet article dresse un état des lieux des enjeux, difficultés et premiers enseignements à l’approche de cette étape réglementaire majeure.

EUDR : Quelles sont les obligations des entreprises ?

L’EUDR impose aux entreprises de démontrer leur diligence raisonnée (due diligence), en s’appuyant sur trois piliers :

  • La collecte d’informations précises sur les produits, y compris leur origine géographique (coordonnées GPS des parcelles agricoles ou forestières)
  • L’évaluation du risque de non-conformité (par zone, fournisseur, chaîne logistique).
  • La mise en place de mesures correctrices ou d’atténuation des risques le cas échéant.

Les opérateurs et commerçants concernés devront soumettre une déclaration de diligence raisonnée via un système d’information centralisé de la Commission Européenne (TRACES) avant toute mise sur le marché.

Déforestation importée : les entreprises face au compte à rebours de l’EUDR

Mise en conformité de l'EUDR : Quelles sont les difficultés rencontrées par les entreprises ?

La mise en conformité de l'EUDR ne se fait pas sans mal pour les entreprises qui découvrent une réglementation très technique et complexe. Un bouleversement des processus internes, tant dans les services achats, production, que dans les systèmes d’information, est à prévoir.

Nous avons dressé pour vous un Top 5 des obstacles rencontrés par les entreprises dans leur processus de mise en conformité.

1/ Accès aux données géolocalisées et qualité des informations fournisseurs

Nombreuses sont les entreprises qui peinent à obtenir des données précises et fiables de la part de leurs fournisseurs, notamment dans les zones à forte complexité foncière ou à gouvernance faible. La remontée des coordonnées géographiques précises des parcelles est souvent difficile, en particulier en amont des chaînes d’approvisionnement complexes. La supposée confidentialité de cette donnée complexifie encore plus le processus de transparence et de communication.

2/ Cartographie et traçabilité des chaînes d’approvisionnement

La construction d’une traçabilité bout-en-bout reste un défi majeur. Certaines chaînes d’approvisionnement sont longues, fragmentées, impliquant de nombreux intermédiaires. Identifier les maillons critiques, tracer les flux physiques et contractuels, et croiser ces données avec des référentiels de risque nécessite des outils robustes et une gouvernance de la donnée solide. L’éligibilité des produits constitue également un véritable casse-tête pour les entreprises. Si l’annexe 1 du règlement liste de manière exhaustive les codes douaniers concernés par l’obligation de traçabilité, les exceptions et les biais d’interprétation sèment le doute autour de la nécessité de déclarer la mise sur le marché de tel ou tel produit.

3/ Évaluation du risque et manque d’outils d’analyse adaptés

Les entreprises doivent analyser les risques de déforestation liés à chaque produit, en tenant compte de la localisation, du contexte réglementaire local, de la gouvernance forestière, etc. Or, beaucoup ne disposent pas encore de modèles d’analyse de risque adaptés ou de données ouvertes suffisantes pour les alimenter. Le recours à des outils satellitaires ou à des plateformes cartographiques reste encore marginal.

Déforestation importée : les entreprises face au compte à rebours de l’EUDR

L’outil osapiens dispose d’une fonctionnalité de suivi des risques

4/ Intégration de la conformité EUDR dans les processus internes

L’EUDR ne peut pas être traité comme un exercice ponctuel : il nécessite une transformation des processus achats, qualité, conformité et RSE, avec des impacts sur les outils SI. Pourtant, de nombreuses entreprises n’ont pas encore intégré la "due diligence" dans leur ERP, leurs systèmes d’achats ou de gestion fournisseurs.

5/ Capacité à embarquer les fournisseurs dans une démarche de transparence

Un frein majeur identifié par de nombreuses entreprises est la difficulté à mobiliser leurs fournisseurs directs et indirects autour des exigences de l’EUDR. Si certains grands groupes structurés ont entamé leur transition, la majorité des fournisseurs situés en amont des chaînes d’approvisionnement — notamment dans les pays producteurs — manque de sensibilisation, de capacités techniques ou de moyens financiers pour répondre aux nouvelles demandes : collecte de données géolocalisées, vérification documentaire, transmission sécurisée des informations,...

Cette dépendance à des acteurs peu préparés ralentit la mise en conformité globale et expose les entreprises européennes à un risque de rupture de chaîne ou de retard dans la mise sur le marché des produits. De plus, la disparité des niveaux de maturité entre fournisseurs complique la standardisation des pratiques et rend les efforts de traçabilité plus fragmentaires.

EUDR : Des tensions dans l’UE à quelques mois de l’échéance

Alors que le 30 décembre 2025 approche à grands pas, de nouvelles tensions sont apparues au sein de l’Union Européenne. La classification des risques pays publiée récemment par la Commission Européenne a en effet suscité quelques controverses, notamment liées à l’absence d’une catégorie de classification “sans risque”. Par ailleurs, certains pays attendus dans les risques élevés n’y apparaissent pas, ce qui a eu pour effet de provoquer quelques réactions sur la méthodologie employée par la Commission européenne et de peser sur la crédibilité de la démarche.

En plus de cela, alors que certaines grandes multinationales continuent de soutenir le règlement et d’y voir un intérêt pour la préservation de nos forêts, d’autres entreprises militent pour un nouveau report (la mise en application avait déjà été reportée d’un an), évoquant la difficulté de mise en oeuvre et le fardeau administratif que la mise en application de l'EUDR implique. Des arguments déjà soulevés par les entreprises sur des sujets comme la CSRD et qui avaient amené à la loi Omnibus de février dernier.

La tension est donc palpable au sein même de l’Union Européenne, et l’opposition entre les “pour” et les “contre” n’aura jamais été aussi forte.

Des premiers retours d’expérience sur la mise en conformité EUDR

Une grande partie des entreprises est malgré tout en ordre de marche pour atteindre la conformité d’ici la fin de l’année. Les entreprises que Next Decision a pu accompagner n’ont pas échappé aux difficultés mentionnées ci-dessus.

Les premiers retours d’expérience permettent ainsi de mieux appréhender ces obstacles et d’en tirer quelques enseignements dont les principaux sont les suivants :

Enseignement N°1 : Ne pas hésiter à se faire aider

Se mettre en conformité d’un tel règlement implique quelques pré-requis :

  • Comprendre la réglementation et ses implications pour l’organisation
  • Identifier les matières premières et les produits qui entrent dans le périmètre
  • Cartographier les flux, identifier pour chacun d’eux son rôle (suis-je opérateur ou commerçant ?) et appréhender les différents cas possibles (importation, mise sur le marché, exportation)
  • Elaborer les différents scénarios de déclaration de diligence raisonnée
  • Préparer les fournisseurs à intégrer le processus de l’organisation

Une entreprise peut rapidement se laisser déborder par ce travail préparatoire, surtout si elle ne dispose pas en interne de ressources humaines dédiées au sujet.

Se faire accompagner constitue donc une véritable alternative, assez largement adoptée à ce jour, pour réaliser l’ensemble des préparatifs et rendre la mise en application plus simple. Ainsi, certains cabinets de conseil se sont spécialisés sur le sujet afin de pouvoir accompagner les entreprises dans leur mise en conformité EUDR. Une spécialisation complémentaire dans la data peut s’avérer utile, puisque l’EUDR est également un sujet qui touche à la donnée de l’organisation.

Enseignement N°2 : S’outiller pour ne pas se noyer

Le nombre de déclarations qu’une organisation est amenée à produire dépend bien évidemment de plusieurs paramètres (nombre de produits couverts, nombre de fournisseurs, nombre de flux d’achats et de mises sur le marché,...).

Pour une entreprise de taille moyenne à grande, le volume d’informations peut grandir extrêmement rapidement. Il faut également tenir compte de l’obligation de conserver les informations pendant 5 ans. Une entreprise qui n’est pas outillée peut vite se perdre dans la multitude des déclarations à produire et à récolter, ou des informations à recueillir et à fournir.

Industrialiser le processus est devenu pour bon nombre d’organisations une évidence, tant pour absorber les flux entrants, honorer l’obligation de stockage et de conservation des données, ou enfin pour partager les données avec les autres acteurs de la chaîne d’approvisionnement. Des outils spécialisés, comme osapiens par exemple, permettent d’alléger drastiquement la charge de travail des équipes en interne tout en leur permettant d’honorer l’ensemble des obligations induites par les différentes étapes de la diligence raisonnée.

Enseignement N°3 : Anticiper l’intégration des fournisseurs

Plus une entreprise a de fournisseurs, et plus ces fournisseurs sont dispersés de par le monde, plus elle a de difficultés à les intégrer dans son processus EUDR. Leur taille et leur localisation sont deux des paramètres à prendre en compte lorsqu’il s’agit de les embarquer (rappelons que les PME ont six mois de plus pour se mettre en conformité et n’ont pas les mêmes obligations).

S’assurer que ses fournisseurs ont bien intégré leurs obligations et qu’ils sont en ordre de marche prend du temps. Ainsi, plus cette étape sera anticipée, structurée, organisée, plus elle sera facile à accomplir. Il s’agit d’un travail de fond, chronophage, et extrêmement nécessaire : l’EUDR est un règlement qui renforce la dépendance des acteurs au sein de la chaîne d’approvisionnement. Remonter jusqu’à la récolte des matières premières implique de préparer toute la chaîne aux obligations du règlement.

Il faut donc contacter les fournisseurs en amont, leur poser un certain nombre de questions sur les informations des produits et la gestion des risques, et suivre leur processus de préparation afin que toute la chaîne soit prête au même moment, en amont de la mise en application de fin d’année.

Conclusion : une échéance à ne pas sous-estimer pour la mise en conformité EUDR

Le compte à rebours est lancé : à cinq mois de l’entrée en vigueur de l’EUDR, les écarts de préparation entre entreprises se creusent, selon leur maturité sur le sujet, leur taille et la complexité de leurs chaînes d’approvisionnement.

Pour réussir la transition, les entreprises doivent désormais :

  • consolider la traçabilité de leurs flux dès l’amont
  • s’équiper d’outils de suivi des déclarations et d’analyse des risques
  • renforcer la collaboration avec leurs fournisseurs
  • développer une approche par les risques, de plus en plus nécessaire avec l’arrivée de réglementations comme la CSRD, la CS3D ou encore l’EUDR

L’EUDR agit comme un révélateur des vulnérabilités mais aussi comme un catalyseur de transformation. Il ouvre la voie à des pratiques plus durables, mais son succès dépendra de la capacité des entreprises à embarquer leur écosystème et à investir dès maintenant dans la transparence.

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