Dans la première partie de cet article, nous avons vu que l’inaction climatique a un coût pour les entreprises. Les impacts du changement climatique et des évènements climatiques extrêmes représentent un véritable risque pour les organisations. Tous les secteurs d’activité sont concernés, de l’industrie à l’agriculture en passant par les services financiers.

Dans cette deuxième partie, nous nous intéressons aux leviers d’action dont disposent les organisations pour limiter les risques et renforcer leur résilience.

Agir pour limiter les risques et transformer l’entreprise

L’inaction climatique coûte cher, mais la bonne nouvelle, c’est qu’il est encore temps d’agir. De nombreuses solutions existent à l’échelle de l’organisation, et leur mise en œuvre progressive permet à la fois de réduire les risques et de créer de la valeur. L’enjeu n’est plus de savoir s’il faut agir, mais comment le faire efficacement.

Mesurer pour mieux piloter

Avant de décider, il faut comprendre. La première étape consiste à évaluer son exposition aux risques climatiques et à mesurer son empreinte carbone.

Un bilan carbone complet, intégrant les émissions directes (Scope 1), indirectes liées à l’énergie (Scope 2) et celles de la chaîne de valeur (Scope 3), permet d’identifier les leviers d’action prioritaires. Cet exercice, désormais incontournable, offre une vision claire des postes d’émission, mais aussi des dépendances aux ressources vulnérables (eau, énergie, matières premières).

En parallèle, il est crucial de cartographier les risques physiques et de transition : quels actifs sont exposés aux inondations ? Quels fournisseurs dépendent de zones à risque ? Quelle part de chiffre d’affaires provient d’activités fortement émettrices ?
Les méthodologies internationales, comme le cadre de la Task Force on Climate-Related Financial Disclosures (TCFD) ou les référentiels européens (CSRD, Taxonomie verte), offrent des outils concrets pour structurer cette évaluation.

Enfin, les indicateurs de performance climatique doivent être intégrés dans le pilotage global de l’entreprise : tableaux de bord, suivi régulier, lien avec les objectifs stratégiques et financiers. Ce n’est qu’en mesurant que l’on peut progresser.

Réduire son empreinte et renforcer sa résilience

Une fois le diagnostic posé, vient le temps de l’action. Les entreprises les plus performantes dans la transition climatique ne se contentent pas de compenser leurs émissions : elles repensent leurs modèles, leurs produits et leurs infrastructures.

  • Décarboner ses opérations : efficacité énergétique, électrification des procédés, recours aux énergies renouvelables, mobilité bas carbone.
  • Optimiser sa chaîne d’approvisionnement : sélection de fournisseurs responsables, logistique plus courte, circularité des flux, éco-conception.
  • Adapter ses sites et processus : protection contre les aléas climatiques (inondations, chaleur), diversification géographique, plans de continuité d’activité.

Ces transformations ne sont pas qu’un coût : elles génèrent souvent des économies à moyen terme (énergie, transport, matières premières) et renforcent la résilience de l’entreprise face aux crises futures.
Selon le World Economic Forum, chaque dollar investi dans l’adaptation climatique peut générer jusqu’à 4 dollars de bénéfices économiques grâce à la réduction des pertes et à la continuité d’activité.

Inaction climatique : quel coût pour les entreprises ? (Partie 2)
Comment intégrer le risque climatique dans la stratégie d’entreprise : les leviers d’actions (source : BCG)

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Mobiliser et embarquer les parties prenantes

Le changement climatique n’est pas qu’une question technique ; c’est une question de culture et de gouvernance. Pour réussir, l’action doit impliquer toute l’organisation : du comité de direction aux collaborateurs sur le terrain.

  • Former et sensibiliser les équipes à la compréhension des risques climatiques et à la contribution de leur métier.
  • Impliquer la gouvernance : intégrer les critères climat dans les décisions stratégiques, les investissements et parfois même dans la rémunération variable des dirigeants.
  • Collaborer avec son écosystème : fournisseurs, partenaires, clients, collectivités, institutions financières. Les solutions les plus durables sont souvent collectives.

La transparence est également un levier clé. Publier régulièrement ses progrès, ses objectifs et ses difficultés renforce la confiance des parties prenantes, des investisseurs et des clients.

Transformer la contrainte en opportunité

Agir pour le climat, ce n’est pas seulement éviter des pertes ; c’est gagner en compétitivité. Les entreprises qui innovent pour réduire leur impact environnemental ouvrent de nouveaux marchés, attirent des talents motivés et consolident leur réputation.

Les innovations liées à la transition - énergies propres, matériaux recyclables, mobilité durable, solutions numériques de pilotage carbone - constituent un vivier d’opportunités. À long terme, la transition climatique devient un moteur d’innovation et de différenciation.

L’entreprise durable n’est plus celle qui fait "moins mal", mais celle qui crée de la valeur autrement : en combinant performance, sobriété et impact positif.

L’action climatique, un investissement vital

Le constat est clair : le coût de l’inaction dépasse de loin celui de l’action. Les pertes liées aux événements extrêmes, aux ruptures d’approvisionnement, aux contraintes réglementaires ou à la réputation fragilisent déjà de nombreuses entreprises.

Mais derrière ces risques se cache une formidable opportunité : celle de repenser son modèle, de sécuriser son avenir et de contribuer activement à une économie plus résiliente.

L’action climatique n’est plus une question de communication, ni même de responsabilité morale ; c’est une exigence économique et stratégique.
Mesurer, anticiper, adapter, mobiliser : les leviers sont à portée de main. Chaque pas compte, et chaque décision prise aujourd’hui conditionne la compétitivité de demain.

Les entreprises qui auront su agir tôt ne seront pas seulement celles qui auront survécu aux crises climatiques ; elles seront celles qui auront su en faire un moteur de transformation et de leadership.

Pour aller plus loin

Pour celles et ceux qui souhaitent approfondir les enjeux du changement climatique et leurs impacts économiques, voici une sélection de rapports et ressources de référence :

Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) - Sixième rapport d’évaluation (AR6)
Synthèse scientifique mondiale sur les impacts, l’adaptation et la vulnérabilité liés au changement climatique.
https://www.ipcc.ch/report/ar6-syr

The Lancet Countdown – Climate Change and Health Report (2024)
Étude internationale sur les liens entre changement climatique, santé publique et productivité économique.
https://www.lancetcountdown.org

World Economic Forum – Global Risks Report (2025)
Analyse annuelle des principaux risques mondiaux pour les entreprises, dont le changement climatique figure systématiquement en tête.
https://www.weforum.org/reports/global-risks-report-2025

OECD – Climate and Economic Resilience Report (2024)
Évaluation des coûts économiques de l’inaction et des politiques publiques pour renforcer la résilience du tissu productif.
https://www.oecd.org/climate-change

Banque mondiale – State and Trends in Climate Adaptation (2024)
Rapport détaillant les impacts sectoriels du changement climatique et les stratégies d’adaptation des entreprises et des États.
https://www.worldbank.org/climatechange

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